jeudi 27 octobre 2022

Critique série - House of the Dragon, saison 1

 



Spoilers à venir !

Après la fin controversée de Game of Thrones, les attentes n'étaient pas particulièrement élevées pour House of the Dragon, la première série dérivée de celle-ci. Je gardais quand même espoir qu'on ait droit à quelque chose de qualité, étant donné l'absence de David Benioff et D.B. Weiss, les deux principaux responsables de la fin hâtive de la série culte, qui voulaient rapidement terminer le projet, malgré l'insistance de HBO pour faire durer la série plus longtemps.

Dès le premier épisode, mes craintes sont rapidement tombées à l'eau : l'univers de Westeros a su me captiver à nouveau dès les premières minutes de la série, et le même sentiment que lors de mon premier visionnement de Game of Thrones s'est vite installé en moi. J'étais à nouveau addicté à ce monde et je n'attendais plus qu'une chose dans ma semaine, que le dimanche soir arrive rapidement afin de regarder le prochain épisode. 

Basée sur le livre Fire and Blood de George R. R. Martin, cette série se déroule 200 ans avant Game of Thrones et suit la dynastie Targaryen, dans des événements qui mèneront à la Danse des dragons, une terrible guerre civile entre différentes parties de la famille qui mènera finalement à la décimation presque totale des Targaryen et des dragons dans ce monde. 

Cependant, avant d'en arriver à cette guerre, les scénaristes ont décidé de se servir de cette première saison pour introduire les divers personnages qui y seront impliqués et de nous faire découvrir leur personnalité ainsi que leur passé. Une décision qui, ultimement, sera selon moi très bénéfique à notre plaisir lors des prochaines saisons, bien que le dernier épisode nous laisse un peu sur notre appétit, puisqu'il s'arrête au moment où la guerre semble rendue inévitable, et l'attente entre les saisons sera très longue. 

Les 10 premiers épisodes de cette saison sont tous d'excellente qualité, aucun n'ayant été particulièrement faible à mes yeux. Le rythme est soutenu et la plupart des scènes ont leur importance particulière. Bien que peu de scènes d'actions aient été présentes dans cette saison (on ne doute pas qu'il y en aura beaucoup à venir), les scènes de dialogue sont captivantes, grâce entre autres à d'excellentes performances par les acteurs. Des scènes de dialogue qui nous permettent de mieux connaître les personnages, de comprendre leurs motivations et de quel côté ils se rangent parmi tous les futurs participants à cette guerre. J'ai énormément apprécié que cette saison soit plus similaire aux débuts de Game of Thrones, priorisant les intrigues politiques et de cour des premières saisons au lieu des scènes d'action des dernières. 

J'avais un peu de crainte concernant les sauts dans le temps à venir au cours de la saison, m'étant rapidement habitué à Milly Alcock et Emily Carey dans leurs rôles de Rhaenyra et Alicent. Mes craintes se sont rapidement apaisées quand j'ai vu que Emma Darcy et Olivia Cooke étaient tout aussi convaincantes dans leurs rôles. Les deux jeunes interprètes auront tout de même su faire leurs marques et on leur souhaite d'autres gros rôles pour la suite de leur carrière. 

J'ai un peu moins apprécié le deuxième saut dans le temps, quand, cette fois, les enfants de Daemon/Rhaenyra et Alicent/Viserys ont changé d'interprètes. L'écart entre les deux sauts dans le temps a été très court et je dois avouer que j'ai été un peu perdu sur le coup, certains enfants étant durs à reconnaître et les noms se ressemblant beaucoup pour certains. Le tout s'est rapidement replacé quand même, puisque l'épisode ou ce deuxième saut dans le temps se déroule est probablement le meilleur de la saison, grâce entre autres à la formidable performance de Paddy Considine, qui joue à merveille les dernières heures de Viserys Targaryen. 

Considine a définitivement été l'une des grandes forces de cette saison, incarnant probablement le seul personnage réellement bon et gentil de tous. Son désir de voir sa famille unie était beau à voir, de même que sa persévérance face à l'adversité et son amour pour sa fille, dont il n'a pas lâché le soutien un seul instant. Ce soutien s'est manifesté jusqu'à son dernier jour, lorsqu'il a fait une exceptionnelle sortie dans la salle du trône pour y prendre une décision concernant l'héritier de Driftmark. Une scène qui fut de toute beauté, embellie encore plus par le moment (improvisé, l'apprendra-t-on par la suite) où le roi, en grande difficulté, échappe sa couronne sur le sol et que son frère Daemon la ramasse pour la lui redonner. Le dernier souper du roi fut également très beau à voir, quand Viserys put enfin voir ce qu'il rêvait de voir depuis longtemps : les membres de sa famille riant de bon cœur ensemble. Je considère donc Viserys comme le Ned Stark de cette saison : un personnage fondamentalement bon qui a su faire sa marque au cours de la première saison et dont on s'ennuiera énormément pour la suite. 

Je dois tout de même féliciter les scénaristes pour leur capacité à nous faire aimer des personnages qui, pourtant, sont presque tous aussi mal intentionnés les uns que les autres. J'ai changé de côté à plusieurs reprises au courant de la saison, ayant du mal à choisir pour qui prendre et voyant des qualités qui me permettaient de pardonner les personnages. Tout ça est bien sûr aidé par le charisme amené par les acteurs à leur rôle (on n'a qu'à penser à Matt Smith, dont le personnage est clairement un manipulateur qui a un côté très mauvais, mais qu'on ne peut qu'apprécier lorsqu'il est présent). Finalement, la mort de Viserys m'a de plus en plus amené à choisir le côté de Rhaenyra, bien que j'aie de l'empathie pour Alicent, qui, malgré ses mauvaises qualités, n'a jamais voulu que toute cette histoire se rende jusque-là. J'ai hâte de voir quelles seront ses prochaines décisions au courant des prochaines saisons, car j'aimerais bien qu'elle et Rhaenyra réussissent à trouver un terrain d'entente. Ces deux dernières étaient de grandes amies au début de la saison, et c'est triste de voir où elles en sont rendues. 

J'ai eu un peu peur lorsque Rhaenys s'est évadée du Dragonpit à la fin de l'épisode 9, tuant des dizaines de citoyens innocents par le fait même, mais laissant la vie sauve à ses ennemis. Ça semblait être une faille assez évidente dans le scénario, et ça m'a amené à me demander si les scénaristes allaient commencer à inclure des facilités de la sorte à plusieurs reprises alors qu'elles n'avaient pas vraiment été présentes depuis le début. J'avais l'impression de soudainement me retrouver dans les dernières saisons de Game of Thrones, où la série désirait conserver une partie de ses fans, qui souhaitaient voir de l'action et des dragons, en incluant de nombreuses scènes du genre. Mes craintes se sont cependant apaisées dès le début de l'épisode 10, quand Rhaenys a dit à Rhaenyra que ce n'était pas sa guerre à démarrer, et tout a pris son sens. Visiblement, les scénaristes avaient prévu le coup. 

Ce fut un plaisir de retrouver King's Landing encore intacte avant vous savez quoi. J'aurais quand même aimé qu'un peu plus de temps soit passé dans les rues de la cité et qu'on voit un peu plus la vie des habitants. On y voit quand même quelques passages intéressants lors de l'escapade nocturne de Daemon et Rhaenyra et lorsque la recherche du prince Aegon se met en branle. 

Les effets spéciaux sont bien utilisés la plupart du temps tout au long de la saison, mais quelques scènes où des personnages sont à dos de dragon m'ont paru un peu étranges. J'ai eu l'impression qu'il y avait une baisse de la qualité à ce niveau comparé à Game of Thrones. Cependant, la mise en scène, les costumes et la cinématographie sont tous de très grande qualité et la série ne paraît jamais cheap. Sans oublier la bande sonore de Ramin Djawadi, qui revient en force et réutilise certains thèmes de la série originale tout en les mélangeant avec de nouvelles pièces, ce qui crée une bande sonore envoûtante. J'étais un peu déçu quand j'ai appris que le thème principal du générique de début restait le même, mais je me suis rapidement rendu compte qu'il n'y a rien de mieux pour générer du hype au début d'un épisode. 

En bref, cette première saison de House of the Dragon signale un retour en grande force dans l'univers de Westeros, grâce à des personnages intéressants et nébuleux joués par un ensemble d'acteurs de qualité, une réalisation efficace, d'excellents effets spéciaux et une écriture nuancée et qui prend son temps. Le plus gros problème est que la saison se termine au moment pivotal qui changera tout pour la suite des choses, et que nous devons maintenant patienter jusqu'en 2024 pour en voir le résultat. 


Note finale : 9/10

vendredi 21 octobre 2022

Andor, ou quand Star Wars gagne enfin en maturité



Il n'y a jamais eu autant de contenu Star Wars sur nos écrans. En effet, depuis la résurrection de la franchise par Disney, nous avons eu droit à une nouvelle trilogie cinématographique, deux films spin-off et, plus récemment avec l'arrivée de Disney+, plusieurs séries télévisées. Les fans n'auront jamais été aussi gâtés et les choix ne manquent pas. 

J'ai été aussi joyeux que tous quand l'annonce de la nouvelle trilogie a été faite, et je me rappelle très bien avoir regardé les bandes-annonces de l'épisode VII des dizaines et des dizaines de fois sans me lasser. L'engouement était réel. 

Puis, l'épisode VII est sorti. Je l'ai adoré sur le champ : même si je ne m'attendais pas à ce que le scénario suive de si près celui de l'épisode IV, je ne peux pas dire que j'ai été déçu par le film. L'enfant en moi jubilait de revoir les personnages de la première trilogie, en plus de retrouver l'ambiance, les vaisseaux, les stormtroopers, bref, tout ce qui est unique à cet univers. 


Un an plus tard arrivait le film Rogue One, qui m'a à son tour épaté. C'était une approche un peu plus dark à ce qu'on était habitué avec Star Wars, bien que pas autant que je le désirais. Je savais qu'on n'aurait jamais de suite directe à ce film et à l'histoire de ces personnages, sachant leur destin, mais j'ai depuis ce jour espéré retrouver quelque chose du même genre dans la franchise, sans jamais voir mon vœu s'exaucer.

J'ai apprécié l'épisode VIII pour les nouveaux éléments qu'il a apporté à cet univers. Puis, l'épisode IX m'a complètement déçu, semblant avoir été bâclé et résolvant les intrigues de façon beaucoup trop facile. Je n'ai pas réussi à accrocher à la série The Mandalorian, n'ayant pas dépassé le 4e épisode jusqu'à présent, bien que je n'aie pas mis de côté mes plans de la terminer un de ces jours. Récemment, la série Obi-Wan Kenobi m'a fait passer de très bons moments, entrecoupés de décisions scénaristiques bien étranges et de choix insensés dans sa réalisation.

J'embarquais donc dans Andor sans être particulièrement excité à cette idée, voulant seulement donner une chance à la série. Et quelle bonne décision : ce que je rêvais de voir depuis Rogue One s'est enfin présenté à moi, ce qui est tout à fait logique, puisque le personnage titulaire de cette série est un des acteurs clés de Rogue One. 

Voici quelques raisons qui font, à mon avis, de Andor le meilleur contenu Star Wars depuis Rogue One :


Star Wars pour les grands!

Finis les droïdes ou personnages clairement conçus pour vendre des jouets et attirer le grand public! Andor laisse tomber tout ça pour nous offrir un scénario humain, axé sur ses personnages. Les dialogues sont plus poussés et plus réalistes et les personnages ont des motivations nébuleuses et des bons comme des mauvais côtés, en plus d'être beaucoup moins extravagants que dans les films. Les enjeux ne sont pas aussi gros qu'au cinéma, cette fois beaucoup plus intimes. On découvre un côté plus sombre de l'univers de Star Wars et plus de temps est consacré à des détails comme la politique et l'économie de cet univers.


On oublie parfois qu'on est dans Star Wars, et c'est une bonne chose

Jamais du contenu Star Wars n'a semblé aussi éloigné de l'essence même de cet univers, et je crois que c'est ce qui fait que Andor est si rafraîchissante. La série a décidé de mettre de côté les stormtroopers, du moins jusqu'à l'épisode 6, afin de nous présenter un autre côté de l'empire qui a été beaucoup moins exploré jusqu'à présent, les officiers en uniforme. On nous les présente cette fois comme des personnages complets, qui ne sont pas vus comme le mal incarné. Plus de temps est aussi passé sur le développement de la société et l'oppression vécue par les citoyens qui vivent sous le joug de l'empire. En bref, je n'ai pas l'impression que je regarde une série de Disney+, mais plutôt une série de HBO. La série nous montre que l'inclusion de sabres lasers et d'enjeux galactiques n'est pas nécessaire pour produire du bon contenu dans l'univers de Star Wars. 



L'écriture est de grande qualité 

Les personnages sont tous bien développés et sont interprétés par des acteurs qui connaissent très bien leur rôle. Des phrases prononcées par certains personnages et qui pourraient tout d'abord sembler anodines prennent leur sens un peu plus tard et nous aident à mieux comprendre leurs motivations. Les incohérences sont quasi-absentes du scénario et très dures à déceler à moins d'y réfléchir très fort, et les coïncidences qui permettent de sauver la vie de personnages ou de les sortir du pétrin semblent très peu présentes. En bref, les scénaristes ont réfléchi longuement à ce qu'ils écrivaient, et ça parait. Les pièces du puzzle ont été assemblées de main de maître. 


La transformation de Andor

Au début de la série, bien que pas particulièrement fan de l'Empire, Cassian Andor n'a pas le goût de se battre. Au contraire, il veut plutôt fuir. Il est donc intéressant de découvrir, au fur et à mesure que la série progresse, ce qui l'amènera à devenir la personne qu'il est dans Rogue One. Diego Luna joue à merveille le personnage et c'est un plaisir d'en apprendre plus sur ce dernier. 


Une fin bien en vue

Les créateurs de Andor nous ont déjà révélé que la série n'aurait que 2 saisons au total, et ce, pour des raisons évidentes, étant donné la présence du personnage dans Rogue One.  Une raison de plus de regarder la série sans crainte, sachant que les scénaristes ont une idée bien précise d'où ils veulent s'en aller. 


En bref, j'invite tous les fans de Star Wars, tout comme ceux qui n'apprécient pas la franchise, à donner une chance à Andor. Il reste encore 5 épisodes à la saison, alors il n'est pas trop tard pour se joindre à l'aventure. Personnellement, cette série me donne espoir que Star Wars a plus à nous offrir et que cet univers vaut la peine d'être exploré, mais sous de nouveaux angles. Revenez ici pour retrouver ma critique complète de la saison à la fin de cette dernière. 


mercredi 19 octobre 2022

Critique série - The Lord of the Rings: The Rings of Power, saison 1




Spoilers à venir !

On ne peut pas dire que le début de « Rings of Power » fut discret : quand la nouvelle série se déroulant dans l'univers de Tolkien a fait ses débuts le 1er septembre dernier, des milliers de connaisseurs étaient déjà prêts à clamer que c'était une honte à cet univers et que l'œuvre de Tolkien n'y était pas respectée du tout. Pendant ce temps, les anti-woke étaient également prêts à crucifier la série dans ses premiers souffles, allant jusqu'à même donner des notes très négatives, mais peu réfléchies, sur les sites comme IMDB, Metacritic et Rotten Tomatoes.

Amazon, qui a proclamé haut et fort à plusieurs reprises que c'était la série la plus ambitieuse de son histoire, grâce entre autres à l'énorme budget investi dans son bébé (on parle d'environ 1 milliard de dollars pour 5 saisons, du jamais vu), n'a cependant pas lâché le morceau et a continué son énorme campagne publicitaire, essayant bien évidemment de concurrencer avec l'autre série fantasy de l'heure, « House of the Dragon ». 

Personnellement, ne connaissant pas l'univers de Tolkien de façon très précise, mis à part les deux trilogies de Peter Jackson, que j'ai regardé à de maintes reprises, je restais optimiste, gardant des attentes modérées vis-à-vis la série, mais j'avais quand même bien hâte de voir le résultat. Je ne commençais pas mon visionnement avec un point de vue allant d'un côté ou de l'autre, ayant préféré rester neutre et objectif. 

Au final, j'ai passé de bons moments pendant les 8 épisodes de la première saison, mais j'ai tout de même été un peu déçu. 

Commençons par le positif : la série est visuellement à couper le souffle, et ça, personne ne peut le nier. Le budget investi par Amazon a clairement porté fruit. Les effets spéciaux, que ce soient les créatures en CGI, les détails implantés dans les prises de vue des différents paysages, les catastrophes comme l'éruption d'un volcan... tout est magnifique et je n'ai absolument rien à redire là-dessus. La cinématographie est également, en majeure partie, réussie, avec des prises de vue de toute beauté sur les paysages de la Nouvelle-Zélande. Cependant, certaines scènes de combat, particulièrement celles de plus petite envergure, m'ont paru un peu décousues et filmées de façon étrange (je pense entre autres au combat entre l'elfe Arondir et un énorme orc), mais peut-être était-ce une technique particulière que je n'ai juste pas compris. Parlant de techniques étranges, comment ne pas mentionner le fameux ralenti du troisième épisode, quand Galadriel se balade en cheval à Numenor. Je ne sais pas quelle était l'intention du réalisateur, mais ça n'a pas passé pour moi.

La bande sonore, composée par Bear McCreary, a aidé à retrouver cette ambiance si particulière aux films de Peter Jackson. En effet, le compositeur a inséré juste ce qu'il fallait de nostalgie dans la musique, tout en créant de nouvelles compositions qui ont aidé à nous intégrer dans l'univers. Bien que rien ne m'ait accroché à l'esprit au cours de la saison et que je n'aie pas de coup de cœur particulier, je crois que la musique était bien utilisée et juste la plupart du temps, bien que, quelques fois, j'ai eu l'impression qu'on s'approchait trop de thèmes semblables à ce que John Williams aurait composé pour Star Wars. 

Le casting est correct, sans plus. Les acteurs font bien leur boulot et il n'y a pas vraiment de maillon faible, mais aucun ne m'a vraiment épaté au courant de la saison. Morfyd Clark a cependant bien joué son rôle de Galadriel et est définitivement une des forces de la série, s'étant appropriée de très bonne façon le personnage tout en la gardant rapprochée de la version de Cate Blanchett. Mention spéciale également à Owain Arthur, qui a pu jouer un des personnages les plus uniques de la saison, le nain Durin, ami d'Elrond, et l'a rendu très charismatique. Daniel Weyman est également intriguant dans son rôle de l'Étranger et joue bien son rôle d'homme confus et qui ne connait pas vraiment sa vraie nature, nous faisant douter de sa réelle identité tout au long de sa saison. 

Alors oui, le casting est bon en général. Je crois que le problème qui fait que peu de personnages sont marquants jusqu'à présent trouve sa source dans le scénario. En effet, ce dernier laisse peu de place au développement des personnages et presque toutes leurs décisions et actions semblent être prises dans le but de faire avancer l'histoire. Ceci n'est pas aidé par le fait que la série commence avec 4 groupes de personnages différents qui sont répartis un peu partout dans le monde et qui ont chacun leur histoire à vivre. Des histoires qui ne sont pas nécessairement palpitantes au début et qui deviennent plus intéressantes lorsque des personnages ou des noms que l'on connaît à cause des films sont mentionnés. Bref, je trouve que les parties les plus intéressantes jusqu'à présent sont celles qui font un lien direct avec les événements qui auront un impact sur les films, et le reste a bien du mal à se démarquer et passerait pour une série de fantasy assez générique à la base. 

Dans cette optique, l'intrigue que j'ai trouvé la plus intéressante dans cette première saison est celle qui suivait Galadriel dans ses aventures jusqu'à Numenor, et ce, parce qu'elle a permis de rencontrer Elendil et Isildur, qui sont, comme on le sait, des personnages clés de l'histoire qui suivra, sans oublier Halbrand, que l'on pense tout d'abord être le Aragorn de cette série. Les quelques épisodes qui se déroulent à Numenor sont donc bien intéressants et nous permettent de découvrir un peu mieux tous ces personnages, tout en nous faisant poser des questions sur le destin de cet endroit qui, on le sait, n'existe pas dans le Seigneur des Anneaux. La relation entre Galadriel et Halbrand est également explorée sommairement, et on sent qu'un lien de confiance s'introduit entre eux. Les effets visuels sont également à couper le souffle, montrant une énorme cité lumineuse et pleine de vie.

La deuxième partie que j'ai trouvé la plus intéressante est celle impliquant Elrond et les nains. Tout d'abord, je tiens à dire que ça m'a pris quelques épisodes avant de m'habituer à Robert Aramayo dans le rôle de l'elfe : je trouvais qu'il ne ressemblait pas du tout à Hugo Weaving et que son air toujours quasi-joyeux ne fonctionnait pas du tout. J'ai fini par m'habituer, ce qui m'a permis de mieux apprécier son histoire. Sa relation avec Durin est l'un des points forts de cette saison et j'ai apprécié toutes leurs discussions. On a vite remarqué le respect immense que chacun porte pour l'autre malgré leurs différends. J'avais de la difficulté à voir où cette partie de l'histoire s'en allait pendant les premiers épisodes, pour finalement me rendre compte de toute l'importance qu'elle avait pour la suite. On est bien évidemment aussi dans l'attente du Balrog, qu'on a pu voir pendant quelques secondes à la fin d'un épisode. L'attente de la goutte qui fera déborder le vase et fera ressurgir la créature crée un air lugubre autour de la montagne des nains, comme on sait qu'elle n'en a plus pour très longtemps. 

J'ai moins apprécié les aventures des Harfoots, ces petits humanoïdes très semblables aux Hobbits. Leur partie de l'histoire est probablement celle qui a causé le plus de longueurs au courant de la saison. On dirait que les scénaristes désiraient inclure un côté plus joyeux, semblable aux partie des films de Jackson se déroulant dans la Comté, allant même jusqu'à inclure une jeune héroïne pour laquelle on ne peut que faire un parallèle avec Frodon. Le charme fonctionne donc en partie dans les premiers épisodes, mais je me suis lassé rapidement des péripéties mettant en vedette ces personnages (la mort de Sadoc dans le dernier épisode de la saison m'a laissé complètement indifférent). Heureusement que l'étranger était là pour mettre un peu de piquant dans l'histoire, mais encore là, il y a eu beaucoup de stagnation pour ce qui est de la révélation de son identité.

La dernière intrigue présente dans cette saison est celle mettant en vedette l'elfe Arondir, qui doit protéger une communauté d'humains qui habitent les Terres du Sud. Parmi cette communauté ce trouve Bronwyn, qui se verra rapidement devenir la leader du village lorsqu'une bande d'Orcs menée par le mystérieux Adar passera à l'attaque. Cette partie de la saison est celle qui m'a semblé la plus générique de toutes, avec des scènes d'action bâclées dans les premiers épisodes, où Arondir était mis en danger, mais on savait bien entendu que rien ne lui arriverait. Cependant, cette trame narrative est quand même très importante, puisqu'elle nous emmène plus tard au meilleur épisode de la saison, alors que les intrigues de Numenor et des Terres du Sud culminent dans un bataille entre les Orcs et les hommes. Cette bataille, qui est probablement plus viscérale et violente que toutes celles des films de Jackson, est de toute beauté et nous permet d'avoir un aperçu de ce dont la série est capable à ce niveau, alors on peut espérer de bonnes choses pour la suite. Sans oublier l'éruption du volcan à proximité, qui cause une onde de destruction massive dans la région, la transformant en un nouveau territoire : le seul et unique Mordor. 

Ces quatre intrigues continuent de se côtoyer tout au long de la saison, certaines plus intéressantes que d'autres, et cela fait que la plupart des épisodes ne sont pas vraiment mémorables et ont de la difficulté à se démarquer les uns des autres, mais cela est un problème assez fréquent dans la télévision de nos jours, alors je ne mettrai pas ça contre la série. Chaque histoire comporte tout de même son lot de bonnes scènes et aucune n'est vraiment terrible, mais certains épisodes auraient certainement pu être écourtés sans perdre de parties importantes. 

J'espérais un dernier épisode de saison où tout culminerait pour nous offrir un rassemblement de toutes les intrigues, mais ce n'est pas vraiment ce qui se passe. Au contraire, certains personnages sont déplacés et séparés d'avec qui ils étaient depuis plusieurs épisodes, tandis que d'autres sont complètement absents de la finale. J'ai trouvé que le concept des anneaux a été emmené de façon trop facile et plus ou moins fluide, la transition entre les précédentes intrigues et celle-ci un peu trop brusque à mon goût. Plus d'indices auraient dû être implantés dans les précédents épisodes afin de graduellement révéler la fabrication des fameux bijoux. La révélation de la véritable identité d'Halbrand m'a satisfait, bien que j'ai trouvé que la découverte par Galadriel de son secret fut un peu trop facile. On y voit aussi le roi de Numenor pousser ses derniers souffles, mais la saison nous laisse en suspens quant à la suite des choses pour ce royaume, et j'aurais aimé avoir tout de suite un petit aperçu de ce qui est à venir. Du côté de l'Étranger, certains doutes persistent encore sur sa véritable identité, mais on sait que c'est un magicien Istari, possiblement même Gandalf. J'ai d'ailleurs trouvé le red herring du début d'épisode, où les scénaristes tentent de nous faire croire que l'Étranger est en fait Sauron, vraiment raté, inutile et pas crédible du tout. À ce propos, je pense que la série devrait à l'avenir arrêter de se prendre pour une mystery box (une série comme « Lost », qui base une grande partie de son intrigue sur des mystères qui en emmèneront d'autres) alors que ce n'est pas nécessairement ça que les amateurs veulent voir.  

En bref, cette première saison de Rings of Power ressemble plus à un long prologue étendu qu'à une première saison typique. Les dernières minutes de la saison, avec la création des anneaux et la révélation de l'identité de Sauron, ne font que nous ouvrir l'appétit pour la suite. Le chemin pour s'y rendre ne fut cependant pas sans ratés, particulièrement à cause de faiblesses au niveau du scénario : certaines trames narratives n'étaient pas vraiment intéressantes et ont mis trop de temps à se mettre en branle, en plus de mettre en scène des personnages sans âme. Cependant, la qualité des effets, des costumes et de la production en général sont extrêmement élevés et je crois que si la série corrige le tir pour son scénario dans la deuxième saison, on pourrait avoir droit à quelque chose de grande qualité. 

Note finale : 7/10