mercredi 19 octobre 2022

Critique série - The Lord of the Rings: The Rings of Power, saison 1




Spoilers à venir !

On ne peut pas dire que le début de « Rings of Power » fut discret : quand la nouvelle série se déroulant dans l'univers de Tolkien a fait ses débuts le 1er septembre dernier, des milliers de connaisseurs étaient déjà prêts à clamer que c'était une honte à cet univers et que l'œuvre de Tolkien n'y était pas respectée du tout. Pendant ce temps, les anti-woke étaient également prêts à crucifier la série dans ses premiers souffles, allant jusqu'à même donner des notes très négatives, mais peu réfléchies, sur les sites comme IMDB, Metacritic et Rotten Tomatoes.

Amazon, qui a proclamé haut et fort à plusieurs reprises que c'était la série la plus ambitieuse de son histoire, grâce entre autres à l'énorme budget investi dans son bébé (on parle d'environ 1 milliard de dollars pour 5 saisons, du jamais vu), n'a cependant pas lâché le morceau et a continué son énorme campagne publicitaire, essayant bien évidemment de concurrencer avec l'autre série fantasy de l'heure, « House of the Dragon ». 

Personnellement, ne connaissant pas l'univers de Tolkien de façon très précise, mis à part les deux trilogies de Peter Jackson, que j'ai regardé à de maintes reprises, je restais optimiste, gardant des attentes modérées vis-à-vis la série, mais j'avais quand même bien hâte de voir le résultat. Je ne commençais pas mon visionnement avec un point de vue allant d'un côté ou de l'autre, ayant préféré rester neutre et objectif. 

Au final, j'ai passé de bons moments pendant les 8 épisodes de la première saison, mais j'ai tout de même été un peu déçu. 

Commençons par le positif : la série est visuellement à couper le souffle, et ça, personne ne peut le nier. Le budget investi par Amazon a clairement porté fruit. Les effets spéciaux, que ce soient les créatures en CGI, les détails implantés dans les prises de vue des différents paysages, les catastrophes comme l'éruption d'un volcan... tout est magnifique et je n'ai absolument rien à redire là-dessus. La cinématographie est également, en majeure partie, réussie, avec des prises de vue de toute beauté sur les paysages de la Nouvelle-Zélande. Cependant, certaines scènes de combat, particulièrement celles de plus petite envergure, m'ont paru un peu décousues et filmées de façon étrange (je pense entre autres au combat entre l'elfe Arondir et un énorme orc), mais peut-être était-ce une technique particulière que je n'ai juste pas compris. Parlant de techniques étranges, comment ne pas mentionner le fameux ralenti du troisième épisode, quand Galadriel se balade en cheval à Numenor. Je ne sais pas quelle était l'intention du réalisateur, mais ça n'a pas passé pour moi.

La bande sonore, composée par Bear McCreary, a aidé à retrouver cette ambiance si particulière aux films de Peter Jackson. En effet, le compositeur a inséré juste ce qu'il fallait de nostalgie dans la musique, tout en créant de nouvelles compositions qui ont aidé à nous intégrer dans l'univers. Bien que rien ne m'ait accroché à l'esprit au cours de la saison et que je n'aie pas de coup de cœur particulier, je crois que la musique était bien utilisée et juste la plupart du temps, bien que, quelques fois, j'ai eu l'impression qu'on s'approchait trop de thèmes semblables à ce que John Williams aurait composé pour Star Wars. 

Le casting est correct, sans plus. Les acteurs font bien leur boulot et il n'y a pas vraiment de maillon faible, mais aucun ne m'a vraiment épaté au courant de la saison. Morfyd Clark a cependant bien joué son rôle de Galadriel et est définitivement une des forces de la série, s'étant appropriée de très bonne façon le personnage tout en la gardant rapprochée de la version de Cate Blanchett. Mention spéciale également à Owain Arthur, qui a pu jouer un des personnages les plus uniques de la saison, le nain Durin, ami d'Elrond, et l'a rendu très charismatique. Daniel Weyman est également intriguant dans son rôle de l'Étranger et joue bien son rôle d'homme confus et qui ne connait pas vraiment sa vraie nature, nous faisant douter de sa réelle identité tout au long de sa saison. 

Alors oui, le casting est bon en général. Je crois que le problème qui fait que peu de personnages sont marquants jusqu'à présent trouve sa source dans le scénario. En effet, ce dernier laisse peu de place au développement des personnages et presque toutes leurs décisions et actions semblent être prises dans le but de faire avancer l'histoire. Ceci n'est pas aidé par le fait que la série commence avec 4 groupes de personnages différents qui sont répartis un peu partout dans le monde et qui ont chacun leur histoire à vivre. Des histoires qui ne sont pas nécessairement palpitantes au début et qui deviennent plus intéressantes lorsque des personnages ou des noms que l'on connaît à cause des films sont mentionnés. Bref, je trouve que les parties les plus intéressantes jusqu'à présent sont celles qui font un lien direct avec les événements qui auront un impact sur les films, et le reste a bien du mal à se démarquer et passerait pour une série de fantasy assez générique à la base. 

Dans cette optique, l'intrigue que j'ai trouvé la plus intéressante dans cette première saison est celle qui suivait Galadriel dans ses aventures jusqu'à Numenor, et ce, parce qu'elle a permis de rencontrer Elendil et Isildur, qui sont, comme on le sait, des personnages clés de l'histoire qui suivra, sans oublier Halbrand, que l'on pense tout d'abord être le Aragorn de cette série. Les quelques épisodes qui se déroulent à Numenor sont donc bien intéressants et nous permettent de découvrir un peu mieux tous ces personnages, tout en nous faisant poser des questions sur le destin de cet endroit qui, on le sait, n'existe pas dans le Seigneur des Anneaux. La relation entre Galadriel et Halbrand est également explorée sommairement, et on sent qu'un lien de confiance s'introduit entre eux. Les effets visuels sont également à couper le souffle, montrant une énorme cité lumineuse et pleine de vie.

La deuxième partie que j'ai trouvé la plus intéressante est celle impliquant Elrond et les nains. Tout d'abord, je tiens à dire que ça m'a pris quelques épisodes avant de m'habituer à Robert Aramayo dans le rôle de l'elfe : je trouvais qu'il ne ressemblait pas du tout à Hugo Weaving et que son air toujours quasi-joyeux ne fonctionnait pas du tout. J'ai fini par m'habituer, ce qui m'a permis de mieux apprécier son histoire. Sa relation avec Durin est l'un des points forts de cette saison et j'ai apprécié toutes leurs discussions. On a vite remarqué le respect immense que chacun porte pour l'autre malgré leurs différends. J'avais de la difficulté à voir où cette partie de l'histoire s'en allait pendant les premiers épisodes, pour finalement me rendre compte de toute l'importance qu'elle avait pour la suite. On est bien évidemment aussi dans l'attente du Balrog, qu'on a pu voir pendant quelques secondes à la fin d'un épisode. L'attente de la goutte qui fera déborder le vase et fera ressurgir la créature crée un air lugubre autour de la montagne des nains, comme on sait qu'elle n'en a plus pour très longtemps. 

J'ai moins apprécié les aventures des Harfoots, ces petits humanoïdes très semblables aux Hobbits. Leur partie de l'histoire est probablement celle qui a causé le plus de longueurs au courant de la saison. On dirait que les scénaristes désiraient inclure un côté plus joyeux, semblable aux partie des films de Jackson se déroulant dans la Comté, allant même jusqu'à inclure une jeune héroïne pour laquelle on ne peut que faire un parallèle avec Frodon. Le charme fonctionne donc en partie dans les premiers épisodes, mais je me suis lassé rapidement des péripéties mettant en vedette ces personnages (la mort de Sadoc dans le dernier épisode de la saison m'a laissé complètement indifférent). Heureusement que l'étranger était là pour mettre un peu de piquant dans l'histoire, mais encore là, il y a eu beaucoup de stagnation pour ce qui est de la révélation de son identité.

La dernière intrigue présente dans cette saison est celle mettant en vedette l'elfe Arondir, qui doit protéger une communauté d'humains qui habitent les Terres du Sud. Parmi cette communauté ce trouve Bronwyn, qui se verra rapidement devenir la leader du village lorsqu'une bande d'Orcs menée par le mystérieux Adar passera à l'attaque. Cette partie de la saison est celle qui m'a semblé la plus générique de toutes, avec des scènes d'action bâclées dans les premiers épisodes, où Arondir était mis en danger, mais on savait bien entendu que rien ne lui arriverait. Cependant, cette trame narrative est quand même très importante, puisqu'elle nous emmène plus tard au meilleur épisode de la saison, alors que les intrigues de Numenor et des Terres du Sud culminent dans un bataille entre les Orcs et les hommes. Cette bataille, qui est probablement plus viscérale et violente que toutes celles des films de Jackson, est de toute beauté et nous permet d'avoir un aperçu de ce dont la série est capable à ce niveau, alors on peut espérer de bonnes choses pour la suite. Sans oublier l'éruption du volcan à proximité, qui cause une onde de destruction massive dans la région, la transformant en un nouveau territoire : le seul et unique Mordor. 

Ces quatre intrigues continuent de se côtoyer tout au long de la saison, certaines plus intéressantes que d'autres, et cela fait que la plupart des épisodes ne sont pas vraiment mémorables et ont de la difficulté à se démarquer les uns des autres, mais cela est un problème assez fréquent dans la télévision de nos jours, alors je ne mettrai pas ça contre la série. Chaque histoire comporte tout de même son lot de bonnes scènes et aucune n'est vraiment terrible, mais certains épisodes auraient certainement pu être écourtés sans perdre de parties importantes. 

J'espérais un dernier épisode de saison où tout culminerait pour nous offrir un rassemblement de toutes les intrigues, mais ce n'est pas vraiment ce qui se passe. Au contraire, certains personnages sont déplacés et séparés d'avec qui ils étaient depuis plusieurs épisodes, tandis que d'autres sont complètement absents de la finale. J'ai trouvé que le concept des anneaux a été emmené de façon trop facile et plus ou moins fluide, la transition entre les précédentes intrigues et celle-ci un peu trop brusque à mon goût. Plus d'indices auraient dû être implantés dans les précédents épisodes afin de graduellement révéler la fabrication des fameux bijoux. La révélation de la véritable identité d'Halbrand m'a satisfait, bien que j'ai trouvé que la découverte par Galadriel de son secret fut un peu trop facile. On y voit aussi le roi de Numenor pousser ses derniers souffles, mais la saison nous laisse en suspens quant à la suite des choses pour ce royaume, et j'aurais aimé avoir tout de suite un petit aperçu de ce qui est à venir. Du côté de l'Étranger, certains doutes persistent encore sur sa véritable identité, mais on sait que c'est un magicien Istari, possiblement même Gandalf. J'ai d'ailleurs trouvé le red herring du début d'épisode, où les scénaristes tentent de nous faire croire que l'Étranger est en fait Sauron, vraiment raté, inutile et pas crédible du tout. À ce propos, je pense que la série devrait à l'avenir arrêter de se prendre pour une mystery box (une série comme « Lost », qui base une grande partie de son intrigue sur des mystères qui en emmèneront d'autres) alors que ce n'est pas nécessairement ça que les amateurs veulent voir.  

En bref, cette première saison de Rings of Power ressemble plus à un long prologue étendu qu'à une première saison typique. Les dernières minutes de la saison, avec la création des anneaux et la révélation de l'identité de Sauron, ne font que nous ouvrir l'appétit pour la suite. Le chemin pour s'y rendre ne fut cependant pas sans ratés, particulièrement à cause de faiblesses au niveau du scénario : certaines trames narratives n'étaient pas vraiment intéressantes et ont mis trop de temps à se mettre en branle, en plus de mettre en scène des personnages sans âme. Cependant, la qualité des effets, des costumes et de la production en général sont extrêmement élevés et je crois que si la série corrige le tir pour son scénario dans la deuxième saison, on pourrait avoir droit à quelque chose de grande qualité. 

Note finale : 7/10 

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