vendredi 21 avril 2023

Critique série - Star Trek: Picard, saison 3

 



Spoilers à venir!!

Cette troisième saison de Picard nous promettait un meilleur au revoir pour l'équipage de TNG, après des adieux un peu décevants dans Star Trek: Nemesis en 2002. Pour cela, un nouveau showrunner a été mis en charge de la série: Terry Matalas (créateur de l'excellente série 12 Monkeys), qui avait déjà beaucoup d'expérience avec l'univers de Star Trek et, le plus important, un grand amour pour tout ce que la franchise a déjà pu nous offrir. J'avais donc de grands espoirs pour cette ultime saison, malgré une première saison plutôt moyenne et une deuxième très médiocre. Et je suis ravi de dire que je n'ai pas été déçu du résultat. 

Est-ce que mon avis est un peu influencé par les effets nostalgiques causés par la présence de tous les acteurs principaux de TNG? Fort probablement. La nostalgie était extrêmement présente au fil de cette saison : il y a même un moment en particulier où j'ai versé des larmes seulement à cause de l'apparition de l'Enterprise-D, vu pour la dernière fois dans le film Generations en 1994 (on a également pu l'apercevoir, dans une moindre mesure, dans le dernier épisode de Star Trek: Enterprise en 2005). C'était le plus gros moment de nerdgasm de la franchise depuis très longtemps. 

Donc oui, la série camoufle légèrement ses lacunes scénaristiques par du fan-service assez intense, particulièrement vers la fin de la saison, mais ça ne m'a vraiment dérangé, car je savais à quoi m'attendre. Cette saison se veut comme une lettre d'amour à TNG et cela fonctionne à merveille.

Côté scénario, la saison nous propose une histoire de style mystery box, qui pose beaucoup de questions et tarde beaucoup avant de nous donner des réponses. Plus particulièrement, le mystère entourant Jack, le fils de Picard et Crusher, est étiré sur beaucoup trop d'épisodes et c'est seulement au début du 9ème chapitre que nous est révélé la nature de ses visions et, par le fait même, le véritable ennemi de cette saison : les Borg.

Évidemment que les Borg occupent une place dans cette ultime saison de Picard. Après tout, l'expérience qu'a vécu Jean-Luc en tant que Locutus l'a complètement bouleversé pour le restant de ses jours, et les Borg ont joué un rôle très important dans la franchise. Cette saison permet donc de les rayer de la carte pour de bon et ce, de façon très satisfaisante, bien que j'aurais aimé voir un peu plus des drones en action. Le retour d'Alice Krige, voix de la reine Borg, fut également très apprécié et l'apparence cauchemardesque de la reine était réussie. Le design du cube Borg était aussi fantastique, teinté de cette lueur verte toujours aussi représentative du Collective.

J'ai trouvé que beaucoup trop de temps a été consacré au conflit contre Vadic dans les huit premiers épisodes. La première bataille contre la changeling et son équipage, alors que le Titan et le Shrike jouaient au chat et à la souris dans une nébuleuse, était très intéressante à regarder et nous a apporté son lot de tension. Cependant, les deux épisodes où le Titan est infiltré par les changelings furent probablement les deux plus faibles de la saison, ne nous présentant pas grand chose de particulièrement nouveau, mis à part de gros développements pour Data, qui a dû faire face à Lore pour une dernière fois dans une joute mentale très à-propos.

J'ai absolument adoré les références à Deep Space Nine, ma série préférée de la franchise, au cours de la saison. La révélation que des changelings avaient infiltré Starfleet était absolument brillante et m'a rempli de joie. Ce fut un peu décevant, cependant, de découvrir que les Borg étaient le véritable ennemi de cette saison et j'ai un peu moins apprécié comment les changelings ont soudainement été mis de côté dans les deux derniers épisodes. J'aurais aimé que l'infiltration de Starfleet par les polymorphes ait un plus grand impact à long terme sur l'organisation. J'aurais évidemment apprécié encore plus de références à DS9 et quelques caméos, mais malheureusement, la saison n'aura pas su délivrer de ce côté. En même temps, le but principal de cette saison était de nous offrir une véritable conclusion à l'équipage de TNG, alors il est un peu normal que tout ce que je souhaitais ne soit pas arrivé. En espérant qu'il y ait d'autres occasions pour que cela se produise (dans la potentielle nouvelle série Star Trek: Legacy?). 

La meilleure nouvelle concernant ce retour des acteurs de TNG? Tout le monde a le temps de laisser sa marque. En effet, chaque personnage a un rôle important à jouer dans cette saison. Tout d'abord, Patrick Stewart semble gagner en énergie dans ces épisodes, après deux saisons où son âge se faisait clairement ressentir. Il s'exprime de façon beaucoup plus similaire à ce qu'il pouvait faire à l'époque, aboyant même quelques ordres à l'équipage de façon assez autoritaire. Puis, Gates McFadden est meilleure que jamais dans son rôle de Crusher, ajoutant une dose d'émotion très touchante à plusieurs de ses présences, y compris cette scène poignante ou, d'un seul regard, elle fait comprendre à Jean-Luc qu'il est le père de Jack. Brent Spiner peut quant à lui enfin élargir son registre, interprétant un Data qui est finalement capable de ressentir des émotions, et l'acteur alterne à merveille entre Lore et Data lorsque l'androïde est habité par les deux entités. Michael Dorn reprend son rôle de Worf et nous donne l'impression qu'il n'a jamais arrêté de jouer le personnage, donnant au Klingon le même charme qu'il a toujours eu, tout en nous faisant connaître une nouvelle partie du personnage, qui s'est familiarisé avec la méditation et la zénitude au cours des dernières années. Il a d'ailleurs l'occasion de nous offrir plusieurs répliques hilarantes tout au long de la saison, étant pratiquement le comic relief de la série. Levar Burton interprète à nouveau Geordi et a la chance de jouer avec sa propre fille, Mica. Il nous fait découvrir avec brio que Geordi est maintenant père de famille et un homme changé, n'ayant pas nécessairement les mêmes priorités qu'auparavant. Marina Sirtis fait son entrée tard pendant la saison, mais a le temps également de faire sa marque, jouant un rôle clé dans la résolution du mystère de Jack et permettant aussi à tout notre équipage de s'en sortir indemne dans le dernier épisode. Mais le personnage qui m'a le plus marqué au cours de cette saison est définitivement Riker, interprété avec brio par Jonathan Frakes. L'acteur n'a aucunement perdu de l'énergie qu'il avait à l'époque et c'est un plaisir de retrouver le numéro un, qui est encore et toujours le plus fidèle conseiller de Picard. 

La série nous présente aussi quelques personnages qui n'étaient pas présents dans TNG. Entre autres, Jeri Ryan revient dans son rôle de Seven of Nine, aussi charismatique que dans les précédentes saisons. Michelle Hurd reprend également son rôle de Raffi : malheureusement, je n'ai jamais vraiment aimé ce personnage. En effet, j'ai toujours eu l'impression que Hurd mettait trop d'émotions dans le rôle et j'ai plus souvent qu'autrement été agacé par ses scènes. Cette ultime saison ne m'aura donc pas fait changer d'avis sur Raffi. Nous avons également la chance de découvrir deux nouveaux personnages. Il y a, bien évidemment, Jack Crusher, interprété par Ed Speelers. J'ai bien apprécié comment Speelers a joué le personnage, le rendant très charismatique par moments, tout en nous présentant des moments où il était beaucoup plus vulnérable, tourmenté par ses visions. L'autre nouveau personnage ayant un rôle majeur au cours de cette saison est le capitaine Shaw, joué par Todd Stashwick. Alors qu'il paraissait comme un solide trou de cul en début de saison, Shaw a su nous montrer son meilleur côté plus tard dans la saison, jusqu'à sa mort héroïque dans le neuvième épisode. J'avoue que j'ai trouvé cette mort un peu cheap et j'aurait apprécié que le personnage survive afin de se retrouver dans un potentiel spin-off. Je comprends en même temps que sa mort était importante pour le développement de Seven. 

Cette saison ressemble beaucoup plus aux films de TNG qu'à la série en tant que tel et on pourrait quasiment affirmer que c'est le 5ème film de TNG. Les scènes d'action sont nombreuses et les effets visuels sont de toute beauté (le cube Borg à-côté de Jupiter, WOW!!). Le rythme est effréné et nous offre peu de moments de détente. J'aurais d'ailleurs aimé que la saison se compose de quelques épisodes supplémentaires afin de mieux explorer la dynamique entre nos personnages. J'ai l'impression que quelques personnages n'ont pas vraiment eu l'occasion d'interagir entre eux pendant la saison, que ce soit Data avec Crusher, Laforge avec Worf ou Picard avec Berverly. Bref, j'en aurais aimé encore plus. 

J'ai absolument adoré la bande sonore composée pour cette saison. Le retour du thème de First Contact à la fin de chaque épisode était absolument jouissif, ce thème étant probablement mon préféré dans toute la franchise. De nombreux hommage sont effectués par les musiciens tout au long de la saison, certains passages nous faisant penser à la musique de James Horner dans The Wrath of Khan et un autre moment se permettant d'utiliser le thème principal de Generations.

Cette ultime saison de Picard est donc un véritable cadeau pour les fans, nous offrant pratiquement tout ce qu'on pouvait espérer. Terry Matalas a su délivrer tout ce qu'il nous avait promis et cela fait de cette saison la meilleure de Trek depuis Deep Space Nine à mon avis (je n'ai pas vu Voyager). Je crois qu'Alex Kurtzman devrait offrir à Matalas un nouveau rôle de showrunner dans la franchise, et quoi de mieux pour cela que le potentiel spin-off Legacy, dont Matalas a glissé quelques mots à plusieurs reprises? Ce serait l'occasion idéale de continuer à ramener d'autres personnages de TNG, DS9 ou Voyager. En attendant, ce fut un énorme plaisir de revoir tous ces personnages réunis pour une dernière fois (ou pas?) au petit écran. J'ai bien l'impression que c'est réellement la fin pour Patrick Stewart dans son rôle de Picard, mais j'ai bon espoir de revoir certains des autres personnages faire des apparitions dans d'autres séries (donnez à Michael Dorn sa série de Capitaine Worf, par pitié!!!). Je dis donc merci à tous ceux impliqués dans cette ultime saison de Picard pour un travail absolument fantastique et qui m'a fait vivre de nombreuses émotions au cours des dernières semaines. Le futur de Star Trek semble bien plus prometteur qu'on pouvait le penser il y a quelques années. 


Note finale : 9/10





mardi 11 avril 2023

Critique série - Hello Tomorrow!, saison 1






J'avais été intrigué par la bande-annonce de Hello Tomorrow!, alors que AppleTV+ semblait nous offrir une nouvelle série de science-fiction rétrofuturiste au concept intéressant et novateur. Le résultat final est une série qui se détourne finalement de l'aspect sci-fi de son concept pour explorer plus particulièrement la dynamique entre ses différents personnages. Le contexte rétrofuturiste prend donc du recul et se démarque seulement à quelques reprises, par l'inclusion de robots servants, de voitures volantes, d'objets de communication à l'allure loufoque, etc. Heureusement, le scénario a réussi à garder mon intérêt pendant toute la durée de la saison, sans être particulièrement exceptionnel. J'attendais un moment "mindblowing", un twist qui changerait complètement l'allure de la série ou qui la rapprocherait un peu plus de son concept de science-fiction. Malheureusement, ce moment que j'attendais n'aura jamais lieu, la série résolvant son intrigue en restant fidèle à ce qu'elle a instauré dans ses débuts. 

Hello Tomorrow! est une comédie dramatique qui suit le personnage de Jack Billings (incarné par le charismatique Billy Crudup) et son équipe dans leur projet de vendre des condos et des propriétés sur la lune. C'est donc le concept qui démarre la série et qui est, ma foi, très intéressant. Cependant, dès le premier épisode, un virage assez serré est effectué, alors que Jack rencontre son fils Joey (Nicholas Podany), qu'il n'a pas vu depuis que ce dernier était tout petit. En effet, Jack a quitté sa femme et son fils plusieurs années avant le début de la série. Joey a donc grandi sans connaître son père et le déteste pour cette raison. Jack décide donc de ne pas révéler à Joey qu'il est son père et réussit à le convaincre de se joindre à l'entreprise en tant que vendeur. Le hic: l'entreprise de Jack est frauduleuse. Les propriétés vendues ne sont pas réelles et les acheteurs ne le savent pas. Même les collèges de Jack ne sont pas au courant, et donc Joey par le fait même. La série nous présente donc, en grande partie, les efforts de Jack pour se rapprocher de son fils tout en essayant de ne pas l'éloigner à nouveau (avec l'intention de lui révéler leur lien de parenté un peu plus tard), en même temps de nous montrer les problèmes que Jack devra affronter s'il ne veut pas que son entreprise morde la poussière. 

C'est une histoire qui aurait facilement pu se dérouler dans un monde plus semblable au nôtre, se concentrant plutôt sur les interactions entre les personnages que sur son concept de science-fiction. Le tout nous donne l'impression que les créateurs ont voulu donner cette ambiance rétrofuturistique à la série afin de se démarquer d'autres oeuvres racontant le même genre d'histoire. Néanmoins, le monde tel qu'il est présenté dans Hello Tomorrow! est intéressant et charmeur, en plus d'être très joli. Les technologies présentées sont pour la plupart intéressantes. Par exemple, l'un des personnages possède une valise qui le suit un peu partout et à laquelle il peut donner des commandes vocales. On découvre aussi que le courrier est livré par des petits robots qui flottent. Lors d'une partie de baseball, on peut apercevoir que les balles ne se déplacent pas de la même façon qu'elles le feraient en réalité. Bref, il y a plusieurs éléments subtils qui nous rappellent que cette série ne se passe pas dans notre monde et qui se pointent le bout du nez à plusieurs moments pendant l'histoire. Mais le tout est plus dans le style que dans la substance. 

Hello Tomorrow! est une comédie dramatique et je dois avouer que j'ai préféré ses moments plus sérieux à ses passages plus loufoques. J'ai trouvé que l'humour était un peu trop over-the-top à plusieurs moments et ce n'est pas nécessairement ce que je recherchais. Plus particulièrement, les personnages de Herb (Dewshane Williams) et Betty (Susan Heyward) étaient trop caricaturaux et ne ressemblaient pas vraiment à de réelles personnes dans leur façon exagérée de se comporter. Les moments les mettant en vedette présentaient à mon avis un contraste trop élevé avec les moments plus sérieux et ça donnait l'impression que la série ne savait pas trop ce qu'elle voulait être.

J'ai tout de même bien apprécié le reste de l'histoire, malgré ma déception que le concept n'était pas aussi près de la science-fiction que ce à quoi je m'attendais. La relation entre Jack et Joey a su garder mon intérêt tout au long de la saison et j'avais extrêmement hâte d'assister au moment où Joey apprendrait que Jack était son père. C'était également intéressant de voir Jack commencer à perdre le contrôle d'un peu tout ce qui lui était cher au fil de la saison, alors qu'il commençait à de moins en paraître comme le bonhomme charismatique qu'il semblait être en début de saison, piquant des crises et criant après d'autres personnages à quelques reprises. Petit coup de cœur aussi pour Shirley Stedman (Haneefah Wood) qui a dû naviguer au travers de plusieurs ennuis tout au long de la saison, tout en gardant une personnalité forte et sûre d'elle-même. C'était probablement le personnage le plus humain et auquel on pouvait le plus facilement s'identifier dans cette première saison et on ne pouvait que lui souhaiter le meilleur.

Sans aller dans les détails, j'ai trouvé la façon dont le scénario a évolué au fil de la saison très intéressante. Alors que les premiers épisodes étaient plutôt lents et semblaient nous présenter des événements peu pertinents, la deuxième moitié de la saison a commencé à faire monter les enjeux assez drastiquement, surtout pour Jack. Dos au mur, ce dernier a dû prendre plusieurs décisions difficiles. Billy Crudup, que j'ai découvert avec cette série, a très bien joué son rôle et il était extrêmement difficile de décider si j'avais le goût d'être du côté de Jack ou non: ce dernier prenait des décisions absolument terribles, mais Crudup injectait un tel charme au personnage qu'il était difficile de le détester. 

La saison se termine de façon assez inusitée et, sans entrer dans les détails, j'espère bien qu'une deuxième saison verra le jour afin de poursuivre l'histoire. Si jamais la série n'est pas renouvelée, je pense tout de même que c'est une fin adéquate thématiquement, qui conclut de façon satisfaisante les histoires de chaque personnage. Néanmoins, le contenu est là pour produire une suite qui pourrait possiblement entrer un peu plus dans le domaine de la science-fiction. 

En bref, Hello Tomorrow! est une série au concept intéressant, mais qui ne l'explore pas autant qu'on le souhaiterait et qui utilise son monde rétrofuturiste pour maquiller une histoire plus ou moins innovante. Cependant, une fois que j'ai accepté la série pour ce qu'elle était réellement, j'ai su l'apprécier en majeure partie. Hello Tomorrow! a un charme distinctif qui lui permet de se distinguer du lot et les acteurs réussissent suffisamment à nous rendre attachés à leurs personnages et à leurs relations pour qu'on passe un bon moment au cours de ces 10 épisodes. 

Note finale : 7,5/10